EQUIBOOKS : Qu'est ce qui vous a poussé à un pareil voyage ? Comment vous y êtes vous préparé ?
C.A. : Pour ce voyage dans le Caucase, j’étais mue par l’envie de découvrir les marges occidentales de l’Asie centrale, cette chaîne de montagnes qui s’étend de la Caspienne à la mer Noire, située entre Iran, Turquie, Russie, me fascinait depuis longtemps. J’avais quelques mois de libre et l’envie de larguer les amarres de nouveau, avec un objectif aussi vague qu’excitant : avancer au rythme des rencontres et de l’arrivée de l’été dans les montagnes, ce qui permet d’accéder aux plus hautes vallées. Je me suis très peu préparée mais je pense que je bénéficie désormais d’une expérience qui permet l’improvisation : je connais mon matériel, je sais ce qu’implique de partir avec un cheval. La préparation, cela a été les voyages précédents, pour lesquels j’avais appris à ferrer, à mener un cheval de bât, à nourrir un cheval en toute circonstance, appris la cartographie, appris à faire face à l’imprévu, surtout, et être ouvert aux autres, ce qui est le plus important. Je suis donc partie avec un équipement de montagne, des cartes soviétiques, qui demeurent les meilleures au niveau topographique à l’échelle du Caucase, ainsi que de nombreux livres, je ne connaissais ni mon itinéraire, ni mon point d’arrivée. Je savais juste que j’achèterai un cheval sur place, que j’avancerai vers les hautes terres, avec tout de même l’envie d’arriver en Touchétie. La Touchétie est une région du haut Caucase, enclavée, accessible par un seul col qui n’est ouvert que 4 mois par an, qui a conservé une forte identité culturelle. J’avais rencontré Audrey Bogini, une française qui y organise des voyages à cheval, et elle m’avait donné envie d’aller là-haut. Au fond, pour revenir à votre question, la seule chose qui me pousse vraiment à partir, ce sont les rencontres : avec les gens, les paysages. Et ce travail de décentrement que permet le voyage et qui invite à regarder sa propre réalité avec distance.